samedi 18 avril 2020

Pieds

Fun fact : les pieds.
Ces dernières années, c'est pas pour me vanter, j'ai passé pas mal plus de temps en chaussures de sécurité qu'en tongs je crois, heureusement pour moi. J'ai les pieds qui ont durci dégueulassement à certains endroits, ça fait un moment que je les avais pas regardés de près. La faute au yoga parce qu'il paraît qu'il faut, enfin que c'est mieux, enfin faites ce que vous voulez mais sortez de là joli.es et content.es. Il y a des postures où on se voit les pieds. A l'aïkido je me souviens on se les massait assez longtemps, y'avait des poils aux chevilles et c'était rigolo ; avant ça à la danse on comptait les cloques explosées, en retirant les pointes les sparadraps les bouts d'escalopes etc. ahah quelle rigolade en petit justaucorps. Je parle de ça c'était il y a vingt ans, mais cette photo des danseurs et danseuses de l'Opéra (je crois), à propos des retraites il n'y a pas si longtemps : le gros plan sur deux pieds défoncés m'avait ravivé des trucs. Ça me fait penser que sur un festival d'été il y a trois-quatre ans un jour de repos, on s'était sapindenoëllisées (le style qu'on se surprend à adopter les jours de sortie alors que depuis plusieurs semaines tu évolues gracieusement dans des hangars en combi intissée suante ou combo boyfriend cradingue à croûtes acheté chez Guerrisol) et justement un collègue apercevant les vestiges de vernis sur mes ongles de pieds laissés enfin à l'air libre s'était exclamé : "ah mais t'es une vraie fille en fait !", mais je m'égare.

Donc j'avais des pieds de bonhomme faut croire, de travailleuse pas sexy-sexy, c'est dommage d'ailleurs, il y a dix ans on m'avait pris les mains à la sortie de la prestigieuse école d'art et constaté qu'"elles sont bien douces pour une travailleuse manuelle": j'avais plus su où me mettre. Il y a un mois encore j'aurais pu retrouver cette personne et lui déposer gravement mes pieds dans ses mains et qu'elle me déclame enfin une ode aux intérimaires ou aux technicien.nes ; mais voilà qu'ils s'attendrissent. La carapace tombe, je vous épargne les détails. La mue par chômage sanitaire, en profiter pour se réinventer : faire peau neuve, bla bli blou. Il y a mettons neuf jours je faisais une toute première maraude dans le quartier, une heure et quelques de marche, ça m'a bordel de fait du bien de revoir la porte de Bagnolet et pourtant. J'aimais bien aussi il y a treize ans et quelques marcher sur les tournées gare du Nord / la Chapelle avec le courrier pourtant c'était pas toujours marrant non plus. Pour ceux qui s'en souviennent j'avais écrit mon mémoire là-dessus ahah quelle bonne blague, j'avais trouvé ça émouvant d'être marcheur-passeur un peu, mais c'était déjà le royaume des TMS et maintenant ça jongle avec le flot des colis covidés. Mais je dérive encore. En retirant mes pompes donc après une heure de marche j'ai eu l'impression que mes pieds n'avaient jamais vécu ça auparavant. On s'était déshabitués des chaussures, petits coquins ! empantouflés carrément. On était tout chose, mou, tout rose, cloqué, trauma. Je n'arrive pas à retrouver le titre de ce bouquin de Beckett où un vagabond te cause pendant des heures de l'état de ses pieds. J'en vois en ce moment des pieds pourris et ça m'obsède.

Je me demande à la sortie, si jamais je retrouve du boulot, saleté de cigale, combien de temps ils vont mettre les miens de pieds, redevenus tout tendres, à se reformater à la vie active, rentrer dans le moule précisément, je pense que vous voyez bien l'image. Et puis quelle vie active je vous le demande, si les cigales n'auront pas pu faire de bruit cet été, si elles ne sont plus bonnes qu'à tomber comme des mouches ou se faire écraser sous talons, et ciao, c'était joli mais merci, bonsoir. Ca me fait penser, je me souviens qu'il y a neuf ans j'avais lâché le job d'hôtesse d'accueil pour inadéquation, mais j'avais dû ensuite me faire à l'idée de devoir pratiquer quand même le personal branding, ça ne changeait finalement pas d'un boulot où on te plante comme ça pas bouger sourire image de marque sur des talons pointus de merde et jupette que t'auras dû fournir toi-même. Comme les vélos des autres, là, pendant qu'on y pense. J'avais dû m'équiper en talons, j'avais mal aux pieds évidemment, je souriais au public un peu à contretemps. Quelle bonne blague.
Bon bref, pour en revenir à, je les fais marauder en tout cas mes pieds en attendant, ça les maintient en marche, ahah, et puis en traitement de fond à la libération on se fera des check-pieds, on aura peut-être pas trop l'occasion d'aller danser pieds nus sous les charmilles, mais on ira les faire défiler les pieds, prévoir des chaussures confortables, il faudra marcher longtemps j'imagine, peut-être courir, qu'est-ce que t'en penses.

mercredi 4 décembre 2019

Que faire de ça

Une mauvaise photo d'une gravure faite en 2018. 44,5 x 27 cm

vendredi 25 janvier 2019

vendredi 19 octobre 2018

jeudi 19 juillet 2018

vendredi 8 juin 2018

L'éternelle question

Une aquatinte tirée à trois exemplaires fin mai (taille de la plaque avoisinant le A5)